lundi 10 juin 2013

Un complot contre la Syrie - Chalon, un conseiller en stratégie revient sur la question syrienne.

Invité par l’Institut des hautes études de la Défense nationale de Bourgogne, le colonel Corvez s’insurge contre la désinformation.
En effet, pour Alain Corvez, le traitement de l’actualité sur la Syrie ne correspond pas à la réalité.
Photo J. -M. M.

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  Lors d’une conférence organisée par l’IHEDN à la caserne Carnot, le colonel (en retraite) Alain Corvez a, sans ménagement, remis en question la position diplomatique française face aux événements en Syrie. Morceaux choisis.

« La France n’a pas encore pris les réelles dimensions de ce qui se passe en Syrie, et le déchaînement médiatique tient d’une campagne de désinformation et de mensonges », a répété le conseiller en stratégie international. « Bachar-al-Assad n’est pas le dictateur sanguinaire qu’on veut nous faire croire et il avait engagé des réformes démocratiques dans son pays », a indiqué l’expert qui croit savoir « que si l’armée syrienne avait ouvert le feu, ce n’était pas sur les populations mais sur des formations d’islamistes extrémistes qui ont également utilisé du gaz sarin », ajoutant « qu’il n’était pas question d’une révolution démocratique mais d’une tentative violente de terroristes islamistes visant à renverser al-Assad ».

Une guerre entre puissances

  Selon M. Corvez, « la place de la Syrie sur l’échiquier international est centrale et le conflit syrien n’est pas une guerre civile entre Syriens mais une guerre entre grandes puissances à travers les Syriens » où se mêlent « les intérêts du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui financent les djihadistes, du problème iranien, des opérations de déstabilisation israéliennes, les intérêts américains, ou plus discrètement, le rôle de la Chine ».

Pour M. Corvez, l’attitude française à considérer la question syrienne « n’est absolument pas adaptée », et le conseiller stratégique ne comprend pas ce qui a poussé le président Sarkozy « à retourner sa veste avec Bachar-al-Assad alors que les relations permettaient d’avancer et de négocier et que la France pouvait jouer un rôle important ».

M. Corvez a, en revanche, salué l’attitude diplomatique russe « exemplaire et fine dans son rôle de médiateur et dans son intelligence » à voir dans la Syrie un élément central et vital dans la stabilisation des relations internationales.

1) Interventions israéliennes dans le moyen Orient.

   
09/09/2012 - Israël menace l'Iran d'utiliser la bombe électromagnétique

    Selon le Sunday Times, Israël à cette époque réfléchissait vouloir lancer une impulsion électromagnétique (IEM) sur l'Iran pour paralyser l'ensemble de ses réseaux de transports et de communications, et arrêter ainsi le développement de son programme nucléaire.

     a) Raid israélien en Syrie : au moins 42 soldats tués, bilan incertain
      Une vidéo qui a confirmé qu'Israël avait mené deux raids en Syrie en 48 heures.
     A cette agression d'envergure, Damas répond : ceci ouvre la porte à toutes les options et rend la situation dans la région plus "dangereuse".

 Ces raids risquent de marquer un tournant avec une implication ouverte d'Israël.
L'Iran, l'ennemi juré d'Israël, s'est dit prêt à "entraîner" l'armée syrienne, avec laquelle le Hezbollah a reconnu combattre
.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré "très préoccupé" et a appelé au calme.

 Selon la Syrie, l'État hébreu a frappé dans la nuit de samedi à dimanche trois positions militaires au nord-ouest de Damas avec des missiles tirés par des avions venus d'Israël via le Liban.

"Cette agression a causé des morts et des blessés et des destructions graves", assure le ministère syrien des Affaires étrangères dans une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU.

    
2) Le spectre d'un embrasement de la région après les raids israéliens en Syrie

3) La Russie livre des armes défensives  à la Syrie
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IRIB-selon le quotidien al Diyar; la Russie envisage d'envoyer un escadron de 16 avions de type MIG 31 en Syrie pour patrouiller le ciel syrien et le protéger face aux agressions ennemies. les patrouilles se front conjointement avec les avions de combat syrien. C’est la première fois que la Russie prend une telle décision

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Une première livraison de missiles sol-air S-300 en provenance de la Russie est arrivée en Syrie, a affirmé ce jeudi 30 mai au soir Bachar el-Assad dans son interview télévisée, diffusée par la chaîne du Hezbollah Al-Manar. Il a ajouté que le reste de la cargaison doit suivre prochainement. Une cargaison qui inquiète Israël, qui a récemment bombardé à Damas un stock de missiles perfectionnés destinés au Hezbollah libanais. Le président syrien a prévenu qu'il répliquerait immédiatement à toute future attaque. 

4)
Syrie -en Avril 2013, Analyse du colonel Corvez (en retraite) 
    
     Après plus de deux ans d’assauts infructueux et de dizaines de milliers de morts la nouvelle Amérique a réalisé que le renversement du régime de Damas ne pourrait pas se faire sans une intervention militaire qui est désormais totalement écartée.
La doctrine Hagel-Kerry va donc être mise en œuvre pour permettre des négociations entre le pouvoir et l’opposition, avec le concours de la Russie, très active sur ce dossier, et des pays qui ont leur mot à dire : Turquie, Iran, Arabie Séoudite, concours qui devra s’inscrire dans la volonté de mettre un terme aux combats et de sauver la face des uns et des autres.
Il est à souhaiter que l’Union Européenne y soit associée mais elle devra pour cela adopter une position en accord avec la volonté d’apaisement de l’Amérique et de la Russie.
La France aurait tout intérêt à penser à l’avenir de nos relations avec ce vieux pays chargé d’histoire dont nous avons eu le mandat de l’amener à l’indépendance, ce dont nous ne nous sommes pas toujours acquittés avec perspicacité et élégance. Il n’en reste pas moins que les relations entre la Syrie et la France s’enracinent dans une vieille histoire commune faite de relations multiples, notamment culturelles, importantes.

    Mais l’avenir est là. Le régime de Bachar El Assad a montré sa solidité et les élections prévues en 2014, sans doute sous contrôle international, diront si les Syriens se choisissent un autre président ou s’ils gardent l’actuel.
     Il y a fort à parier que l’actuel sortira grandi de la crise et que ses concitoyens lui demanderont de continuer à réformer le pays, comme il avait timidement commencé de la faire dès son arrivée en 2000, puis de façon accélérée dès le début des évènements de mars 2011. Il a d’ailleurs déjà nommé un ministre chargé de la réconciliation nationale, )responsable de nouer les contacts avec tous les opposants, Ali Haïdar, qui était chef d’un parti d’opposition avant la crise. Si une fraction non négligeable d’irréductibles opposants, notamment les forces sunnites héritières de la révolte de 1982 à Hama, ajoutées à celles nées de la répression exercée depuis le début de la révolte, toujours structurées au sein des Frères Musulmans, refusera tout compromis avec le pouvoir, l’influence des puissances qui veulent une solution négociée sera déterminante. On voit déjà que l’Arabie se démarque nettement de l’extrémisme du Qatar, notamment avec le choix du nouveau Premier Ministre du Liban, se préparant à appuyer la position américaine.
  Mais l’émirat qui offre aux Etats-Unis leur plus grande base dans la région avec 5000 soldats, ne pourra faire cavalier seul et devra cesser d’alimenter les dizaines de milliers de combattants étrangers qui se battent en Syrie. Quant à la Turquie, l’option finale ne sera pas celle qu’elle avait activement escomptée mais elle saura « faire contre mauvaise fortune bon cœur », comme elle l’a déjà montré dans sa diplomatie avec le monde arabe et Israël.

     Cette solidité du régime dont Washington convient à la longue, provient du soutien d’une majorité de citoyens, toutes confessions confondues, qui reconnaissent au Président la volonté de libéraliser et démocratiser le pays : hormis des désertions, obtenues parfois à grand frais, l’Armée, composée en grande majorité de sunnites, est restée soudée et disciplinée et est respectée par les habitants qui l’appellent souvent à la rescousse face aux exactions de djihadistes ; le corps diplomatique n’a connu que deux défections d’ambassadeurs alors qu’il est facile pour un diplomate à l’étranger de demander l’asile dans son pays de résidence, et la classe politique, toutes origines et religions mêlées, est restée à son poste, à quelques exceptions près non significatives. En réalité, la majorité des Syriens considère que ce jeune Président est le mieux à même de moderniser le pays, et les épreuves surmontées courageusement et victorieusement lui donneront encore plus de prestige.

    Bien entendu, les appuis extérieurs à la Syrie sont déterminants. La Russie et la Chine ont été dès le début déterminées à ne pas perdre cet allié stratégique à divers égards et, comme indiqué plus haut, l’ont clairement fait savoir à l’Amérique. Mais de nombreux autres pays ont aussi apporté leurs soutiens à la Syrie, parfois de façon discrète mais bien réelle : l’Amérique latine dans son ensemble, l’Inde et, dans les pays arabes, l’Algérie et l’Iraq. L’Iran, depuis longtemps lié à la Syrie, n’a jamais relâché son soutien, d’autant qu’il savait bien qu’en cas de chute de son allié il était la cible suivante de l’Amérique et des Occidentaux et que l’attaque contre Damas visait aussi à briser l’axe Téhéran-Bagdad-Damas prolongé par le Hezbollah libanais.

Alain Corvez. Avril 2013

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JJA